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Aawa (extrait)

NB : c’est la suite du Muche !

Chapitre 1.

Le soleil commençait à ratisser les nuages éparpillés dans un ciel limpide comme une eau d’atoll. Peer baignait dans une torpeur bienfaisante dont il ne voulait pas s’extraire. Ce doux dimanche d’automne s’étirait à l’infini et il lui paraissait pourtant trop rapide encore. Depuis trois semaines, il avait repris le lycée, en terminale littéraire, mais les vacances semblaient s’attarder sur ce petit coin d’herbe au détour d’une rivière où Ariane et lui avaient trouvé refuge pour partager quelques instants égoïstes à l’écart du village, et surtout à l’abri du regard indiscret des copains. Copains qui portaient d’ailleurs mal ce nom, car contrairement à eux, Peer ne retirait aucune gloire à fréquenter une fille et, surtout, refusait d’appliquer leur règle stupide qui consistait à s’afficher avec une conquête comme s’il y avait quelque chose à prouver au monde entier, par le biais de l’accumulation, souvent fausse d’ailleurs, d’exploits sentimentaux.

Peer ne se lassait jamais de contempler Ariane et surtout de bénir la chance -c’est ainsi qu’il voyait les choses- qui la lui avait attribuée. Chaque jour, il s’émerveillait que cette si jolie fille ait pu l’élire, lui, le grand mal poussé aux cheveux rougeoyants, le solitaire, le farouche. Elle dormait, là, à ses côtés, la nuque calée dans le creux de son bras, mort depuis des heures sous le poids obstiné de sa tête. Pourtant il n’osait pas le déplacer. Cela romprait le charme de l’instant. Pour s’occuper en attendant le réveil d’Ariane et la résurrection de son bras, Peer coupa un brin d’herbe sèche et s’amusa à taquiner une perle de sueur qui s’était formée entre ses deux seins, dans un petit renfoncement de la peau. Il attira la bille d’eau, qui s’approcha par capillarité, puis la fit descendre un peu plus bas où elle s’enfonça dans les profondeurs du décolleté de la robe en lin qu’elle avait passée parce qu’elle savait que Peer l’adorait. Puis il attendit que naisse à son tour la sœur jumelle de la goutte de sueur. Les courts cheveux bruns d’Ariane qui encadraient un visage très pâle, à la peau presque transparente, et ses yeux d’un noir profond lui donnaient un air sévère mais Peer aimait cette fausse rudesse qu’elle savait détourner d’un rire cristallin qui perforait les cuirasses les plus solides. Personne au lycée ne pouvait résister au charme d’Ariane quand elle éclatait de rire. Elle expédiait toujours vers Saturne la déprime des uns ou des autres. Même les professeurs les plus austères l’adoraient. Alors Peer…

Leur refuge naturel embaumait de sa simple présence corporelle mais aussi de ce léger parfum à la senteur de chèvrefeuille qu’elle affectionnait. Ses lèvres, légèrement entrouvertes sur des dents bien rangées, laissaient passer un léger souffle. Apaisant. Peer ne s’était senti aussi heureux depuis longtemps et Ariane y contribuait beaucoup, depuis ce jour pluvieux d’avril où elle avait accepté de lui offrir plus qu’un sourire.

(…)

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